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  • Photo du rédacteurCharl'Hot

La petite maison qui n’est pas dans la prairie.

Quand le nid de notre enfance devient trop petit pour nos grandes idées. Quand notre maison de « quand on était petit » disparaît de notre vie. Comment j’ai dit adieu à un roman de 20 ans !

Un soir d’hiver 1999, maman nous dit, j’ai trouvé une maison on la visite samedi. A cette époque-là les annonces sont encore dans le journal du genre le Top Annonces ou Paru Vendu. Ces bouts de papier où tu entoures en rouge les annonces et une fois fini de faire le tour, ils serviront à allumer la cheminée. Papa nous dit, « allez on va la voir, maintenant ! ». Il connait Roche comme sa poche, moi ce quartier je le connais juste de nom. On passe devant le collège où je vais, on monte la rue à gauche, au stop à droite …numéro 2,4,6 … et 8 ! « Non, ça ne peut pas être-elle ?! », « papa, regarde y’a une cabane au fond », « et un jardin ! » « et « une véranda pour maman », « un garage pour mettre la moto » … On rentre à la maison des étoiles plein les yeux : « maman, on prend cette maison !» Maman, nous regarde comprend qu’on a eu le coup de cœur, mais comme à son habitude … « on attend la visite ! » On attend samedi en piétinant devant la porte, le temps nous parait tellement long. Et nous y sommes, tous les 4 au rendez-vous pourtant bien matinal. On fait le tour, on s’extasie sur la possibilité d’avoir chacune notre chambre avec ma sœur. Il y a une cheminée, une mezzanine, un grand garage … bref. Enfin la maison qui NOUS ressemble. Papa et Maman posent le dossier ! A situation équivalente, c’est nous qui avons la maison « parce que vos filles n’ont pas couru et crié de partout lors de la visite ». Moralité… avoir des parents qui t’expliquent que si tu dérapes t’auras une croix, ça marche ! On se met donc à notre premier déménagement … qui est presque un jeu ! les cartons s’empilent. On nous met en garde dans la famille le week-end du grand chamboulement. Quand on nous redépose le dimanche soir. Tout est mis en place et on prend notre premier repas dans la nouvelle cuisine. Ma chambre deviendra mon sanctuaire, les cartes postales se mettent au mur, les photos de mes ami(e)s, mes livres, mes poupées en porcelaine.

Dans cette chambre je goutterais aux coups de cœur impossibles, aux soirées mauvaises notes, aux mauvaises nouvelles en tout genre. Je m’y cacherais les soirs d’engueulades, j’y passerais des heures à tenter de faire des fractions et de la géométrie, je m’y enfermerais les soirs de grosses larmes. Mais ça sera aussi le lieu de mes plus beaux fous rires, de mes meilleurs pas de danses, de mes premiers émois, de ma plus belle surprise le jour de mes 18 ans, et de mes débuts dans l’écriture, avec la tentative ratée d’écrire une pièce à partir d’un livre !

Et puis au fil du temps cette maison a changé à mes yeux et n’avait plus autant d’intérêt. Je venais voir mes parents, ma sœur. Ce n’était plus mon chez moi. Mon chez moi c’était mon 18 m² en plein cœur de Lyon. C’était mon rez de chaussée à Grange Blanche, puis plus tard une grande maison de plain-pied sans problème de chauffage et sans la poussière de la cheminée. Et puis l’été dernier, parce que ça s’est fait comme ça. J’ai passé du temps dans la maison de maman. Elle a changé de nom au fil du temps, parce qu’il n’y a plus papa. Et pendant ce fameux été … j’ai profité. J’ai regardé, ses défauts et ses qualités. J’ai retrouvé au même endroit la primevère que papa coupait pourtant chaque année. J’ai remis le nez dans mes polly pocket. Dans ma chambre, j’ai retrouvé mon agenda, avec les mots de l’époque du collège « on est amis pour la vie … » oui … j’ai bien grandi ! Mais je me suis mise à être nostalgique. Et à me dire que cette maison sera toujours un peu la mienne.

Et puis la nouvelle est tombée … à l’automne 2018. Maman quitte la maison.

Maman quitte la maison … Alors en ce jour de novembre …toute seule dans cette maison vide … j’ai …

Monté les marches une dernière fois, Caressé l’étagère de ma chambre, Fermé la fenêtre avec le bruit du joint accroche, Marché dans le salon sur le plancher qui craque, J’ai senti l’odeur du bois et de la cheminée, qui restait sur tes vêtements des jours durant, Me suis accrochée le pull dans cette maudite poignée de porte, Ai souri en entendant la voisine crier sur son chien, Regardé une dernière fois cette cheminée que j’ai tant regardé … « c’est ma télé à moi » disait papa.

Aujourd’hui j’ai fermé un livre. Un livre de presque 20 chapitres.

On a fermé les portes de LA maison. De la maison dans laquelle j’ai eu mes premières expériences d’ado, et mes premiers pas de jeune femme. Celle qui a vu passer les booms d’anniversaire, les piques niques et les fous rires. Celles aussi des larmes avec l’échec du BAC, le départ à Lyon et la maladie.

Le jour où je l’ai quitté, j’avais 19 ans des projets plein la tête et une seule envie … ne pas y revenir. Aujourd’hui, où ma maison est ailleurs … je me rends compte que cette maison là … restera toujours dans mon cœur !




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